Un après-midi à Chaspuzac
En début d'après-midi, je rencontre Julien Saby. D'abord apiculteur amateur pendant 15 ans, Il a décidé de sauter le pas il y a seulement quelques années pour en faire son métier. L'élevage des abeilles a d'abord fait le prétexte d'une belle aventure avec son père. Les abeilles sont devenues le liant d'une attache familiale entre les deux hommes.
Envoyer des messages de fumée aux abeilles
Nous parlons de l'enfumoir, ce petit récipient disperseur de fumée qui permet de calmer les abeilles quand l'apiculteur intervient sur la ruche. Il ne s'agit pas dans son usage d'asphyxier les abeilles, mais de leur communiquer la présence de l'apiculteur. L'enfumage est un langage : l'habileté de l'éleveur à produire une fumée froide avec quelques herbes sèches, sa composition odorante sont autant de choses signifiantes pour l'abeille.
En retour la ruche "ventille". De concert les ailes des abeilles expriment les arômes de la mièllée. Une odeur qui rend heureux Julien Saby.
Des odeurs stressantes, des odeurs de mort font aussi partie, malheureusement, de celle que l'apiculteur connait et craint de sentir apparaitre dans le rucher. La fragilisation des abeilles par les polluants, l'usage des produits phytosanitaires dont le glyphosate dans les champs ou bien l'infestation de la ruche par un parasite comme le varoa peuvent être responsable de la destruction d'un essaim. Il est ainsi arrivé à Julien comme à d'autres apiculteurs de trouver des ruchers entiers décimés.
Sentir le paysage est un moyen de s'en prémunir. On se passe aussi entre apiculteurs des bon plans, des zones plus sures où les agriculteurs n'épandent pas de produits toxiques dans leurs champs. Julien est un apiculteur transumant, il transporte ses abeilles d'un lieu de floraison à un autre. Au fur et à mesure de l'avancée de la saison, il passe des garigues aux odeurs de thym, aux gorges de l'ardèche où fleurissent le chataîgner ou l'accacia.
Et la poésie alors ?...
A l'école de Chaspuzac, je rencontre Karine Pralon. Nous faisons connaissance avec sa classe de CM1 CM2. L'école est un peu plus grandes que celles que j'ai pu visiter jusqu'ici. Une zone industrielle avec certains hangards aux proportions importantes, des lotissements,... Le village lui même on le sent est un peu plus proche de l'agglomération du puy. Avec l'institutrice, nous abordons le langage des odeurs. Il n'y a pas ou peu de mots propres à l'olfaction. Nous ne somme pas habitués à en parler. On est obligé de faire des métaphores, de parler d'autre chose pour décrire des odeurs. La poésie peut-être une façon de s'en emparer. Je lui propose de reproduire ce petit exercice de description que nous avons initié et de prendre note du lexique qu'inventent les élèves à son propos. Elle compte de son côté mobiliser des ressources du côté de l'édition jeunesse.